L’entreprise dirigée par Carlos Ghosn a fait de l’innovation une priorité afin d’anticiper les attentes de ses futurs clients.
Parmi les grands constructeurs automobiles japonais, Nissan travaille d’arrache-pied au développement de nouveaux véhicules plus sûrs, plus respectueux de l’environnement et toujours en mesure de fournir une expérience renouvelée pour les conducteurs. Katô Kenô, vice-président en charge de la stratégie de produits de la marque, fait le point sur sa politique d’innovation.
Quels sont les principaux domaines sur lesquels Nissan travaille actuellement ?
Katô Kenô : Nous déployons nos efforts dans trois directions. Il y a d’abord les véhicules à zéro émission et les technologies de conduite autonome. Nous travaillons également dans le domaine des véhicules connectés. Tout ceci est réalisé dans le cadre de la feuille de route “Mobilité intelligente” que nous nous sommes fixés afin d’arriver à l’objectif zéro émission et zéro accident.
La voiture électrique figure parmi les priorités de Nissan. Comment les Japonais réagissent à cette technologie ?
K. K. : Les automobilistes japonais ont manifesté un réel intérêt pour les véhicules électriques comme en témoigne le succès de notre modèle Leaf. La satisfaction à son égard est très élevée. C’est tellement vrai que nous avons des retours d’expérience selon lesquels une fois qu’un conducteur a touché une voiture électrique, il a beaucoup de mal à revenir vers des véhicules conventionnels. Voilà une belle leçon. Dès lors, nous en avons fait une priorité. J’ajoute que le groupe Renault-Nissan est le seul constructeur automobile à proposer une gamme complète de véhicules électriques à un prix compétitif.
Est-ce que le Japon constitue pour vous un marché test pour vos produits d’avenir, sachant, par exemple, que plus de 25 % de la population a plus de 65 ans.
K. K. : Sans aucun doute dans la mesure où les conditions de trafic et le niveau d’exigence des clients japonais ont toujours été très élevés. Au niveau des véhicules électriques par exemple, notre expérience sur le territoire japonais a permis d’améliorer la technologie. L’âge n’a pas d’importance à nos yeux dans la mesure où nous sommes attentifs aux remarques de l’ensemble de notre clientèle. Cela dit, compte tenu des spécificités démographiques du Japon, nous faisons grand cas de l’ergonomie afin de répondre aux besoins d’une clientèle âgée. Mais que les plus jeunes se rassurent, nous ne les oublions pas.
Travaillez-vous avec les autorités japonaises pour déterminer les secteurs à explorer pour la voiture de demain ?
K. K. : Bien sûr. C’est le cas notamment dans le domaine des batteries, des nouveaux matériaux, des technologies automatisées et tout ce qui concerne l’objectif zéro émission.
La voiture autonome est un domaine qui suscite beaucoup d’intérêt actuellement. De nombreuses entreprises, parmi lesquelles certaines n’ont aucune expérience dans l’automobile, se sont lancées dans cette aventure. Comment Nissan se positionne dans ce domaine ? Quelles sont vos ambitions ?
K. K. : Cela intéresse Nissan au plus haut point. Nous participons au Programme stratégique de promotion de l’innovation défini par le gouvernement japonais dont l’un des objectifs est de réduire à moins de 2 500 le nombre d’accidents d’ici 2020. De la même manière, sous la houlette du ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, nous nous sommes associés aux autres constructeurs automobiles japonais et aux producteurs de composants électroniques pour avancer dans le domaine des cartes, des communications ou encore de l’ergonomie. Dans un premier temps, nous travaillons ensemble sur les cartes numériques puisque les données cartographiques en 3D de haute précision sont essentielles au développement de la conduite autonome, en particulier pour les essais sur le terrain (voir pp. 7 à 10). Nous avons également conclu un partenariat de 5 ans avec la NASA pour le développement de systèmes de véhicules autonomes et préparer leur commercialisation. Depuis quelques jours, notre nouveau monospace Serena doté de la technologie de conduite autonome ProPilot est disponible sur le marché japonais. En Europe, c’est le Qashqai qui en bénéficiera en 2017. Petit à petit, c’est une dizaine de modèles de l’alliance Renault-Nissan qui sera équipée de cette technologie, y compris à destination des marchés chinois et américains. Notre ambition est de poursuivre dans cette voie, car tous les bénéfices générés par ce savoir-faire sont réinvestis dans de nouvelles technologies qui permettent d’asseoir la compétence technologique de la marque.
A quel horizon de temps travaillez-vous ?
K. K. : Si un constructeur ne travaille qu’à court terme, il n’a guère de chance de fournir un véhicule adapté à son temps. Voilà pourquoi notre perspective est à très long terme. La Leaf est ainsi le fruit d’une recherche et d’une vision à long terme. On peut dire la même chose des technologies de conduite autonome que nous avons élaborées. Pour ce qui est des tendances à venir, il y a évidemment beaucoup de pistes qui sont explorées. Mais s’il faut en évoquer une, je dirai que nous devons répondre à l’attente des clients qui trouvent souvent les produits “trop compliqués à utiliser”, en rendant leur utilisation plus intuitive afin de passer moins de temps et moins d’énergie pour se les approprier.
Propos recueillis par O. N.